La Smart Station de Ski, ça vous dit quelque chose ?
Mais, peut-être avez-vous déjà entendu parler de la Smart City ?
Tout le monde en parle dans les conférences et dans la presse...Mais en quoi, est-ce vraiment une opportunité pour les stations de ski?
Pourquoi les priorités ne sont pas exactement les mêmes ?
Quelles ruptures technologiques ont déclenché un tel engouement ?
La Station Intelligente versus Écologie
Au même titre que la Ville Intelligente, la Station Intelligente devra revoir son bilan carbone, en particulier pour les transports acheminant les skieurs sur les sites. Sur ce chapitre, les enjeux sont même que ceux de la ville, mais avec des contraintes plus difficiles pour faire changer les mentalités et organiser des transports collectifs plus efficaces, plus souples et moins chers que la voiture individuelle.
Comme la ville, la Station Intelligente devra revoir son mode de chauffage en introduisant plus d'automatismes de régulation, en disposant d'un avantage décisif avec le solaire thermique et électrique dont le rendement est incomparablement meilleur du fait de l'altitude.
Ces transformations devraient déclencher des investissements très importants, et donc des emplois dont l'économie locale pourrait se saisir pourvu que les collectivités publiques veuillent bien s'engager.
Finalement, en terme de concepts, rien de bien nouveau.
La Station Intelligente versus Usagers
La Station Intelligente au service des usages, c'est déjà moins évident. Si on compare comment sont gérées les stations françaises en regard des stations américaines ou chinoise, on constate qu'en France on investit d'abord dans le matériel (débit des remontées mécaniques, matériel de damage,...) alors que aux USA on investit dans le service tous azimuts pour palier le manque de performance des équipements (voir la Mission USA du Cluster Montagne).
C'est en particulier au niveau des outils numériques que les choses avancent trop lentement, alors que la technologie est à disposition. Peut-on skier avec un même titre de ski sur plusieurs sites gérés par des constructeurs différents ? Peut-on avec un smartphone NFC payer la piscine, le restaurant, les remontées mécaniques dans différentes stations ? Pourtant, avec une carte bancaire, quelque soit la banque détentrice du compte, il est possible de payer à-peu-près n'importe où. Parions que les jeunes générations auront de plus en plus de mal à accepter la situation actuelle..!
Un autre domaine motive les jeunes Startups, celui du partage d'informations entre skieurs et avec la station (Films, SMS, localisation, disponibilité des remontées, etc...).
Certes les initiatives se développent, souvent dépendantes d'un constructeur, ou d'une commune. Mais elles ne sont pas à la hauteur des désirs des nouveaux consommateurs très mobiles, fréquentant les sites à proximité des villes. Les collectivités locales devraient prendre la mesure de l'enjeu pour investir à l'échelle d'une Région ou d'une Territoire. Les nouveaux emplois ne seront pas crées uniquement par des allègements de charges des entreprises, car l'enjeu dépasse le champ de vision à court terme des entreprises. La France devrait favoriser le changement d'échelle de nombreuses ETI innovantes vers un marché européen de la montagne.
La Station Intelligente versus Exploitants
Même si les exploitants des stations de ski sont concernés par les chapitres ci-dessus, il est un domaine encore plus important pour lequel ils devraient être à l'avant garde, celui de la Station Intelligente basée sur des Objets Intelligents (IoT "Internet of Things") et sur la collecte massive de données associée ("Big Data")
Demandez à votre fournisseurs de dameuse, à votre équipementier de remontées mécaniques, à votre fournisseur d'enneigeur quelle est sa politique face à l'Internet des Objets et au Big Data..! Pour ma part, lors des salons professionnels, j'en suis resté souvent à expliquer le sens de ma question....
Pourtant, les exploitants et directeurs de station devraient tout mettre en œuvre pour s'approprier la haute valeur ajoutée offerte par la collecte du comportement de la clientèle et de l'anticipation de la maintenance des équipements.
Alors, pourquoi autant de bruit autour du concept de Station Intelligente ?
Pour nombre des enjeux cités ci-dessus, en particulier celui concernant les exploitants, des innovations technologiques récentes permettent la mise en œuvre de ces solutions :
Des réseaux à très, très... bas débit
On connait tous Internet distribué à l'abonné grâce à l'ADSL utilisant les lignes téléphoniques classiques dans un rayon proche des standards téléphoniques, et la fibre optique.
Mais il se déploie actuellement des LPWAN (Low Power Wide Area Network), des réseaux radio conçus pour transporter "quelques octets de temps en temps", débit largement suffisant pour transmettre l'évolution d'une température sur un four, ou une alarme pour la détection de vibration anormale sur un roulement à bille dans un tracteur, etc....
Une autre particularité de ces réseaux, c'est leur coût d'exploitation extrêmement bas, de l'ordre de quelques euros par an (oui, vous avez bien lu, moins de 10€ chaque année).
Deux réseaux se partagent le marché actuellement :
- LoRa
- LoRa est issu de la startup grenobloise Cycleo rachetée par Semtech. Voir sur Wikipedia le protocole LoRaWAN.
- Sigfox
- La Sté Sigfox qui a développé le réseau du même nom est située à Labège près de Toulouse. Voir sur le site objetsconnectes.com le déploiement de ce réseau.
Des capteurs MEMs petits et pas cher
La vente des Smartphones à poussé le développement de puces électronique (circuits intégrés) de très petite taille, quelques millimètres, embarquant des capteurs de température, de luminosité, de vibration (accéléromètre), d'orientation (boussole), de verticale (champ de pesanteur), d'odeur, de son, etc...
Les progrès de la micro-électronique ont permis de "sculpter" le Silicium. Par exemple, pour les capteurs de mouvement, les puces ont été micro usinées pour détacher de minuscules parties capables de vibrer, de capter un champ magnétique ou de pesanteur, ... ces mouvements minuscules qui sont détectés par un champ électrique crée et amplifié sur le circuit lui-même. On les appelle des MEMs (MicroElectroMechanical Systems).
Leur coût, comme la plupart des circuits intégrés devient rapidement très bas après la mise au marché, et la consommation ainsi que le poids sont extrêmement faibles.
Il est donc possible de les déployer par milliers n'importe où, pour détecter des anomalie de fonctionnement ou pour détecter l'activité d'une machine outil, d'un camion, d'un tracteur, d'une dameuse, d'une remontée mécanique, ou sur le corps humain (maladie ou sport).
Avec les réseaux radio LoRa pou SigFox, plus besoin de tirer des fils
Une autonomie énergétique exceptionnelle des capteurs
Un dernier problème restait à améliorer, la consommation d'énergie, sachant que les MEMs sont très frugales en énergie. Plusieurs solutions sont utilisables:
- une pile dont la durée de vie est une à deux ans (possibilité de prévenir en cas de décharge)
- un capteur solaire de faible dimension
- un micro générateur de courant à partir du mouvement (MEMs embarqués sur une roue par exemple, ou pour un coureur)
- un micro générateur à partir de la chaleur dégagée dans l'environnement (moteur, frottement, corps humain)
- alimentation électrique de l'équipement surveillé ou champ magnétique ambiant
Quelques exemples pour en savoir plus
Vous noterez qu'il s'agit souvent encore de projets...
- Chamrousse lauréat de l’Appel à Projet "Démonstrateurs industriels pour la ville durable"
- SMART RESORT 5.0, une initiative Cluster Montagne et IRSTEA.
- Le plan SmartMoutain PACA
- La station des ORRES: Smart Mountain